Notre prochain pèlerinage va nous permettre de retrouver Marie à Lourdes avec Bernadette comme guide. Quel meilleur guide aurions-nous pu trouver pour nous faire entrer pleinement dans le message de Lourdes, cet Evangile vécu dans sa plus belle radicalité, offert à l’humanité depuis 1858.
Ainsi nous pourrons saisir Marie par la main droite et Bernadette par la main gauche pour nous laisser entraîner dans notre grande vocation baptismale, celle qui consiste à aimer sans se lasser, aimer chacun avec leurs limites et nous-mêmes avec nos manques et notre faiblesse, particulièrement celle liée à la maladie.
A Lourdes cette année le message est celui de Marie à Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira », un peu comme si elle nous disait : « Laissez-vous accompagner par l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus et son Esprit Saint, ouvrez vos cœurs au mystère ! » C’est le message que reprend notre pèlerinage 2018 : Avec Bernadette nous mettre en route, nous engager, partager et être envoyé comme témoins de l’amour infini que Dieu porte à notre humanité, et particulièrement cette partie de l’humanité humiliée par la maladie du corps et du cœur.
Avec Marie et Bernadette nous bénéficions d’un double accompagnement, ou d’une double expérience, qui propose à notre coeur de vivre la radicalité de l’Evangile dans sa plus simple expression : Dieu a visité et vivifié son peuple, et son peuple, nourri par Dieu lui-même, s’engage comme signe vivant au milieu d’un monde de morts. Un engagement non pas pour pavoiser, pour se croire meilleur, mais parce qu’il n’y a pas d’autre choix de vie quand le Seigneur nous a visité. Il nous entraîne dans sa sollicitude pour l’humanité et nous donne un vin excellent en quantités généreuses pour nous soutenir (voir le miracle de Cana).
Cependant ne perdons pas de vue que nous restons ce que nous sommes, petits, fragiles et vraiment lents à croire. Nous sommes appelés à une transfiguration lente et parfois douloureuse. La méthode divine c’est celle de la peinture impressionniste : par petites touches. C’est à la fin, d’un peu plus loin, que l’on s’aperçoit de l’effet global, du résultat. Et le résultat est superbe ! Car Dieu en est l’auteur ! Pour notre part nous n’avons, comme Marie, qu’à accueillir et garder, souvent douloureusement, cette Parole de Dieu. De son côté, il l’a fait germer et se développer pour accomplir le miracle de la vie transfigurée en Christ.
Alors, avec Marie et Bernadette, à leur suite, rendons-nous disponibles, engageons-nous avec confiance, partageons la joie de cette transfiguration déjà inaugurée en nous et, là où le Seigneur nous a planté, laissons traverser les rayons de sa lumière pour qu’ils illuminent ceux qui nous sont proches et ceux que lui, le Seigneur de Vie, mettra sur notre chemin.
Père Yannick
En exergue un petit texte sur le sens profond de la vie de Bernadette et de sa vocation.
« Malgré une grande indigence de moyens verbaux et intellectuels, qui l’apparente à Marie de Galilée, Bernadette a su discerner, recueillir, vivre de manière exceptionnellement pure la grâce des pauvres selon le cœur de Dieu. Ainsi l’enfant était-elle apte à recevoir l’austère message du 18 février 1858, qui résumait si bien son passé en même temps qu’il annonçait le programme de sa carrière terrestre et ultra-terrestre : Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre.
Le message des apparitions exprime et confirmera ce que Bernadette vivait déjà. Il la charge, non seulement de répéter les mots de l’humble message (…) mais de témoigner de la grâce qu’elle vivait déjà, en la rayonnant de tout son être : pauvreté, prière, pénitence, filial abandon à la Vierge et avec elle à Dieu. C’est en ce sens que Bernadette a été très vite considérée comme la meilleure preuve du message de Lourdes. »
René Laurentin in Bernadette vous parle p 400.