“Vers le Père, sur la ‘petite voie’ de Thérèse de Lisieux”

“Vers le Père, sur la ‘petite voie’ de Thérèse de Lisieux”

Ne nous trompons pas : Thérèse n’est pas une femme mièvre. Sa foi  et son sourire ont conquis le coeur de nombreuses générations  d’hommes et de femmes, de tous pays. Mais sa foi et son sourire,  Thérèse les a gagnés de haute lutte sur des souffrances physiques,  sur des tensions psychologiques ; et surtout sur un vide spirituel,  qu’elle a éprouvé, et qui établit entre elle et les  mal-croyants de  notre temps une mystérieuse affinité. Thérèse est une vraie  contemplative, mais je crois plus juste de dire qu’elle l’est devenue ; au terme d’un grand combat spirituel.(…)Sa spiritualité, son message, elle nous les a livrés dans sa “voie d’enfance spirituelle” qu’on appelle aussi la “petite voie”. Voie toute droite pour aller à Dieu, faite d’humilité et de confiance absolue en sa Miséricorde. Une voie où c’est Lui, le Père, qui nous élève jusqu’à Lui. Nous nous laissons faire, nous nous laissons porter là où Il veut nous conduire, par amour.(…)

Et c’est à nous aujourd’hui de nous laisser entraîner dans cette “petite voie” qui nous ouvre tout grand le chemin du Royaume.
Comment ? En remettant en cause nos habitudes ou nos certitudes. Nous aimons maîtriser les événements, défendre avec force notre autonomie, regarder les autres avec une certaine méfiance ou avec dédain … Comme l’enfant, apprenons à nous laisser conduire, à ne pas craindre d’être dépendants et surtout à nous laisser aimer. Entendons pour nous-mêmes ce que le Père dit de son Fils Unique lors de son baptême par Jean ; ou à la Transfiguration : “Tu es mon Fils, tu es mon bien-aimé… ; en toi j’ai mis tout mon amour…”. Dieu nous parle ainsi, à chacun et chacune de nous, depuis notre baptême. Nous ne l’entendons pas assez ; ou si mal… Et pourtant, c’est en nous laissant aimer comme ses enfants bien aimés, ses fils, ses filles, que nous sommes assurés d’accueillir jour après jour le Règne de Dieu en nous ; et parmi nous. Tout en nous – intelligence, affectivité, liberté… – doit se laisser envahir, porter par notre Dieu d’amour. Le Père nous aime. Laissons-Lui l’initiative et osons répondre sans crainte, très simplement, à cet amour.(…)

Dieu est là, proche de nous.

Nous avons du prix pour Lui. Notre vie  compte beaucoup à ses yeux. Notre nom est écrit sur la paume de sa main. Son projet n’est pas de nous juger, de nous tenir dans la peur sous son regard, mais de nous rendre de plus en plus semblables à son Fils bien-aimé. Il nous donne son Esprit qui a animé Jésus dans sa vie d’homme au milieu de nous. Cet Esprit fait de nous ses fils et ses filles bien-aimés à qui Il veut partager sa joie, sa paix, sa vie.
… Autrement dit, laissons-nous aimer, Vraiment. …

Marc SOYER